Saisir une occasion pour faire briller une idée, ce n’est pas une chance mais une opportunité transformée intelligemment en événement au service d’un talent, d’une passion, d’un rêve ou simplement, d’une réalité commune. Le 25ᵉ festival Estuaire d’en rire à Honfleur touche à sa fin, avec le dernier spectacle ce samedi 13 septembre 2025 à 20 h 30, « Ça va, ça va », de Camille Chamoux, une enfant de pays qui va jouer à domicile, comme elle le confirme au micro de Honfleur Infos lors d’une interview intime et émotionnelle.
Camille Chamoux, une artiste française incontournable, une femme caméléon qui a plusieurs vies, plusieurs cordes à son arc et plusieurs cibles à sa flèche. Une artiste qui cumule les succès dans divers domaines : cinéma, réalisation, scénario, écriture théâtre, humour et parodies. Camille Chamoux, qui n’a pas froid aux yeux, a un cœur chaud et tendre, abordant les sujets les plus sensibles de la vie quotidienne, les plus banals aussi, que ce soit de sa vie ou de notre vie, sans filtre, sans tabou et sans complexes, avec un mot d’ordre : fédérer et unir dans l’humour et la bonne humeur.

H-I : Pour faire écho à votre spectacle, ma première question est : comment ça va Camille ?
Camille en riant : Ça va, ça va.
C’est fou comment ces deux mots qui se répètent toujours deux fois peuvent inspirer tout un spectacle.
H-I : Comment vous est venu ce thème sur la santé mentale et physique ?
Camille : Suite à un accident qui a touché les ligaments croisés, j’ai été immobilisé pendant un certain temps, ce qui m’a obligé à ralentir le rythme de ma vie, une chose qui n’est pas dans mes habitudes. Cet arrêt forcé m’a permis d’une part de faire un état des lieux, en constatant l’irruption de la question de la santé dans la vie, surtout après que j’ai accompagné et perdu quelqu’un dans une longue maladie, et d’autre part, de me poser des questions : qu’est-ce qui fait que la santé devient prioritaire ? Pourquoi courir autant ? Évidemment, comme mon prisme est toujours la comédie et l’humour, je me suis inspirée de cette période pour écrire ce spectacle, qui, j’espère, sera le plus drôle de tous mes spectacles.
Bien que Camille soit une des humoristes les plus drôles, sa sensibilité à fleur de peau lui ouvre des portes sur des sujets qu’on ne pense pas aborder aussi légèrement et aussi ouvertement en riant.
H-I : Qu’est-ce qui vous émeut le plus après chaque spectacle ?
Camille : Le fait de voir une centaine de personnes dans une même salle, à la même heure pour une même raison, faire battre leurs cœurs ensemble. C’est quelque chose que je trouve merveilleux, car il est très rare de nos jours à cause d’un processus d’isolation des gens, chacun dans sa bulle, sur son smartphone et sur les réseaux sociaux. La connexion civique des gens devient de plus en plus rare, je trouve que le spectacle sauve cette connexion. Le spectacle est comme un effort inconscient pour se retrouver physiquement et être obligé de couper nos téléphones pendant une heure et demie, ce qui est super rare aujourd’hui, il y a quasiment nulle part où on le fait. Je trouve cela vraiment fort d’avoir notre attention portée sur quelque chose qui est vivant et qui est devant nous, quelqu’un qui nous parle directement au présent, un moment de présent pur.
H-I : Qu’est-ce qui vous a motivé à dire oui pour ce festival à Honfleur ?
Camille : Figurez-vous que ce n’est pas ma première participation au festival Estuaire d’en rire à Honfleur. J’ai participé au festival il y a plus de quinze ans, avec mon tout premier spectacle « Camille attaque », qui est un spectacle de sketchs. Je faisais la première partie de Julie Ferrier, donc revenir jouer à Honfleur dans le cadre de ce festival cher à mon cœur, c’est du pur plaisir, comme du retour à la source.
H-I : Honfleur et vous, c’est une histoire d’appartenance ou une histoire de cœur ?
Camille : J’ai un attachement capital à cette ville, Honfleur, qui a conquis aussi bien mon cœur que celui de mes parents, car ils y sont installés il y a 20 ans, ils y habitent dans la ruelle Alphonse Allais, donc ça me fait toujours plaisir d’y revenir, et surtout de jouer à domicile, comme disent les joueurs de foot.
H-I : Quel souvenir vous gardez de votre intronisation à l’académie Alphonse Allais en 2015 ?
Camille : C’était merveilleux, j’en garde un excellent souvenir, parce que je venais d’accoucher, j’avais mon bébé dans les bras, entourée d’autres personnes intronisées aussi, en présence de Claude Lelouch et d’autres invités. C’était à la fois chouette et drôle. Connaissant bien Honfleur et l’académie Alphonse Allais, je trouvais ces moments dans la petite pharmacie rigolos, particuliers, intéressants et originaux, admirant le crâne de Voltaire enfant et la visite de ce minuscule musée, avec cette association originale et atypique qui sème l’humour et la culture au quotidien.
H-I : Quel type de sujet ne vous donne pas envie de rire et de faire rire ?
Camille : Très peu de choses ne me donnent pas envie de rire. Je trouve qu’on peut rire à peu près de tout si on le fait avec finesse, hauteur et recul. Je dirais qu’il n’y a rien dans le rire à exclure a priori, le rire fonde, le rire fédère, le rire n’est pas jugeant, n’est pas forcément moqueur, il est parfois tendre et empathique. Rire est toujours une solution pour moi.
H-I : Comment définissez-vous votre carrière à travers vos multiples talents ?
Camille : Je m’efforce d’être assez libre dans mes choix et dans mes expressions. Le fait d’avoir de plus en plus de propositions pour jouer, aussi bien au cinéma que dans des séries télévisées, me permet de rester libre et de choisir les sujets qui me passionnent. Par ailleurs, j’ai toujours choisi aussi de m’exprimer librement dans les scénarios et dans les spectacles que j’écris, donc j’ai toujours une ligne d’expression continue dans mon rapport au public, je n’ai jamais de frustration parce que c’est ma façon d’être libre. J’aime toutes les disciplines dans lesquelles je peux m’exprimer librement, j’aime cette alternance entre ces divers domaines, ce qui me permet d’être justement plus sélective et plus heureuse dans chaque choix.
H-I : Un nouveau spectacle à l’horizon ?
Camille : Non, parce que j’ai un spectacle que j’adore qui tourne en ce moment et continuera l’année prochaine avec Vincent Dedienne et Léopoldine HH, c’est « 8 soirs par semaine », qui est un spectacle très drôle et très atypique qu’on a fait au festival d’Anjou et qu’on reprend un peu partout en France.
H-I : Quelle est la question non posée à laquelle vous aimeriez répondre ?
Camille : Est-ce que vous allez vous amuser et ressortir plus léger qu’avant que vous entriez au spectacle ? La réponse est oui.
Être à la hauteur de ses attentes est aussi important qu’être à la hauteur des attentes des autres.
Faisant partie de ce monde merveilleux des humoristes à la hauteur de leurs attentes, Camille saura nous émerveiller et nous faire hurler de rire durant son spectacle, sans oublier la petite sonnette de la réalité dans chaque séquence de rire.
Rendez-vous ce soir aux Greniers à Sel de Honfleur, pour le bouquet final du festival Estuaire d’en rire.