Honfleur : Le maire rend hommage au peintre Jean-Marie Le Guen.

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@Honfleurinfos : Jean-Marie LE GUEN.: Crédit photo DR

Dans un communiqué de presse, le maire de Honfleur, Michel Lamarre, rend hommage au peintre Jean-Marie LE GUEN.

« Le 9 novembre dernier, Jean-Marie LE GUEN nous a quittés. Il était né à Morlaix le 26 avril 1926. Il a passé son enfance et sa jeunesse en Bretagne, puis dans l’Oise. Voici ce qu’il disait « Môme, j’adorais le dessin et la musique. J’allais voir les musiciens des rues. Avec eux, je chantais. Ma famille, c’était des paysans. On n’était pas riches. Un jour le fils du boulanger qui était élève d’André Verchuren vendait son accordéon. Qu’importe l’instrument, mon père me l’a acheté et m’a mis dans l’école Verchuren ». Jean-Marie LE GUEN a appris la musique à l’école Verchuren. Il partait en gala avec lui, et à 16 ans, pendant la seconde guerre mondiale André Verchuren a été déporté, et Jean-Marie est devenu sa doublure officielle en attendant son retour, et c’est alors qu’au cours d’un gala il s’est fait remarquer par Marcel Mouloudji. Ce dernier l’a recruté.
Ensemble ils ont fait le tour du monde. Puis il a fait son service militaire en Allemagne. Il s’est ensuite engagé en Indochine et a connu la guerre. Il est resté en Indochine de 1948 à 1958, et là il a créé une troupe de musiciens, puis il est rentré dans l’Oise. Il a rencontré sa future femme qui était à l’école des Beaux-Arts.
Atteint de la maladie de Dupuytren qui l’empêchait de manier ses doigts sur l’accordéon, il a dû abandonner l’usage de l’instrument et s’est tourné vers la musique écrite, la musique de films, des pièces de théâtre, des pièces russes … Ayant retrouvé Mouloudji, il est resté 6 années avec lui pour faire un tour de France, d’Europe, d’Afrique et du Canada .. et ne pouvant plus jouer avec cinq doigts, il s’est mis à peindre avec deux doigts seulement, en commençant par des dessins de cinéma, des affiches. Il a vendu plus de 5 900 toiles.
En 1976, il est allé peindre à Giverny, chez Monet, tous les lundis, et a été vraiment inspiré par le Maître. Jean-Marie Le Guen est venu à Honfleur « pour la ville magnifique qu’elle est et pour la possibilité qu’il avait d’y travailler et d’y vendre sa peinture à la clientèle de passage ».
Puis il a créé une galerie à Sancerre où il a séjourné quelques années. Il s’est remarié avec une Honfleuraise. Ils se sont établis à Grasse, créant une galerie. Et après quelques voyages au Japon, ils ont décidé de revenir à Honfleur. Il s’est fait connaître dans notre ville par ses caricatures et ses portraits saisissants.
Son style expressif mettait en avant l’atmosphère et les particularités du port de Honfleur et de ses habitants. On se souvient tous de son atelier de la rue du Puits, en plein cœur du centre historique de Honfleur, où il accueillait le public et partageait sa passion pour la peinture, valorisant, à travers son œuvre les paysages et les ambiances uniques de notre port normand.
L’un de mes conseillers municipaux, Pierre Arnaud, a souhaité nous rappeler l’anecdote suivante qui reflète bien la personnalité de Jean-Marie Le Guen. « C’était un ami. J’avais le jour de son mariage à Honfleur réquisitionné le petit train pour amener les mariés à la Grande Cour pour le repas. Il n’était pas au courant et cela lui a fait un grand souvenir. Et pour l’un de mes anniversaires, il m’a fait une caricature de 3 m de haut sur 2 m de large, au milieu de la place Arthur Boudin. Ce fut une grande fête, avec feu d’artifice, promenade en calèche dans Honfleur. Après avoir fait ma caricature, il en a fait beaucoup d’autres de Honfleurais, avec toujours énormément d’humour. Je l’ai revu cette année lors du festival « Estuaire d’en Rire » et nous nous étions promis de faire un saut en parachute pour ses 100 ans. Hélas, cela ne se fera pas. »
Quand Jean-Marie Le Guen a décidé de prendre sa retraite à l’âge de 85 ans, il a pensé quitter Honfleur, mais ses amis ne souhaitaient pas le voir partir et il a trouvé un appartement dans le quartier Carnot où il a terminé sa vie heureux. On le voyait, encore il y a peu de temps se promener dans son quartier, avec son déambulateur, le sourire aux lèvres. Et voici ce qu’il disait à ses fils : « J’aimerais atteindre les 100 ans. J’ai d’ailleurs réalisé un premier saut en parachute pour mes 90 ans. J’ai dicté mes mémoires sur internet, avec des vidéos. J’ai eu une vie formidable ».
Jean-Marie Le Guen a souhaité faire don de son corps à la science. Il n’y aura donc pas de cérémonie à sa mémoire, mais je tenais à rappeler cette vie hors du commun. Et j’adresse à ses fils, à sa famille et à ses amis, toutes nos condoléances et les assure de notre profonde et amicale sympathie.

Le Maire : Michel LAMARRE

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